Un nouveau départ [Libre]

Admin Messages : 26 Date d'inscription : 02/05/2022 Localisation : Odribore

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Un nouveau départ

Tenessa avait son auberge. Enfin ! C'était pas trop tôt ! Six mois ça leur avait pris à ces humains, mais bon... Elle n'avait pas eu le choix. À cette époque, il aurait été dangereux pour elle de faire faire son bâtiment par un de ses collègues. Elle avait donc passé commande auprès de l'architecte et des charpentiers du coin.

Au début, ils s'étaient méfiés. Comment une si jeune femme pouvait avoir assez d'argent pour faire construire un tel commerce ? et surtout, pourquoi s'établir dans les bois ? Puis ils avaient été rassurés quand leur cliente leur avait expliqué - la mort dans l'âme - que son mari, un seigneur d'une autre contrée, avait trouvé la mort contre une de ces créatures. Pour ce qui est de l'endroit, elle avait justifié ce choix par le fait qu'il était judicieux, selon elle, d'avoir un point de chute en terre sauvage. Suite à leurs inquiétudes concernant le fait qu'une donzelle vive seule en milieu hostile, elle leur avait fait savoir qu'elle dormait toujours avec une lame d'argent sous l'oreiller - ce qui était vrai !

Et ils avaient gobé tout ça. Les abrutis… Quelques larmes, une bonne histoire et c'était passé comme le filin que l'on tisse.

Bon, il fallait maintenant qu'elle se procure les meubles chez l'ébéniste. Il lui semblait en avoir vu un au port. Elle s'y rendit d'un bon pas, traversant une bonne partie de la forêt à pied. Après tout, elle ne craignait rien. N'était-elle pas LA créature que tous redoutait ?

Une fois arrivée au port, elle fila tout droit chez le menuisier. Une heure et demie plus tard, elle en sortit heureuse. L'homme lui avait une jolie ristourne parce qu'elle était "une pauvre femme endeuillée". Le coup de la veuve éplorée marchait à tous les coups !

Elle en profita pour se balader sur le marché.

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Un nouveau départ

La journée avait commencé le plus tranquillement du monde pour Aries, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Il avait ainsi visité nombre de ses derniers patients pour s’enquérir de leur état et il ne lui en restait plus qu’un ; pour cela, il lui faudrait passer par le port.
Le jeune homme aimait bien cet endroit, qui ne ressemblait en rien à ce qu’il avait toujours connu dans sa vie : les montagnes et les forêts, bien loin d’ici. Quoi de plus dépaysant que cette immense étendue d’eau dont l’horizon se mêlait avec le ciel ?

Et cette d’odeur d’embruns, souvent mêlée à celle des poissons frais si on s’approchait des bateaux qui revenaient de la pêche… Dans sa tête, il se voyait déjà propriétaire d’une baraque du port qui pourrait lui servir de planque et de réserve pour toutes ses fournitures. Doux rêve qui, pour l’instant, était loin de se réaliser compte tenu de la maigreur de sa bourse.
Pour l’heure, il allait devoir se contenter de gagner sa croûte pour un bon moment… Mais qu’à cela ne tienne ! Un jour, il l’aura ce bâtiment de ses rêves !

Il déambulait donc dans le port, rêvassant plus qu’il ne réfléchissait à sa liste de courses, mais c’est une légère bousculade qui le tira de ses pensées. D’un geste, il stoppa net le gamin qui venait de lui rentrer dedans en lui immobilisant le poignet.

– Pas de ça ici, gamin. Je te déconseille fortement de faire ça, lui dit-il en le lâchant.

Les larmes aux yeux, le garçonnet hoqueta de surprise et s’immobilisa, complètement perdu.
Aries soupira. Il se doutait bien que le gamin n’avait peut-être pas fait ça par plaisir, mais il était tellement désespéré par un tel comportement qu’il avait préféré y mettre fin tout de suite.

Le jeune homme resserra sa prise tout en gardant fermement une main sur sa bourse et le regarda détaler. Aries en profita pour jeter un coup d’œil autour de lui pour vérifier qu’aucune autre personne n’avait manifestement été victime du manège orchestré par les chapardeurs, mais à part quelques marins et une femme plutôt séduisante dont il se demandait si elle avait quoi que ce soit sur elle, il ne voyait personne d’autre.

– Excusez-moi, dit-il en s’approchant d’elle. Ce gamin ne vous aurait pas percutée, par hasard ? Il a essayé de me voler une bourse, donc je crains qu’il n’ait essayé de faire de même avec toutes les personnes ici présentes.

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UN NOUVEAU DEPART

Bien entendu, la démone avait plus d'un tour dans son sac. Ainsi, quand elle avait senti le garnement lui faire les poches en même temps qu'il lui avait mis une main aux fesses, elle avait interverti – grâce à une formule magique basique – son argent contre de petits galets blancs, histoire qu'il n'aille pas se perdre dans la forêt.

Elle avait senti, peu après, les pheromones d'une créature mâle l'approcher. Tenessa avait l'habitude de se faire accoster. Quoi de plus normal pour une ancienne succube. Elle avait le pouvoir, entre autres, de se métamorphoser en des créatures toutes plus désirables les unes que les autres.

Elle espéra que ce ne soit pas le boucher du port. Ce dernier avait un certain don pour s'attirer les faveurs de toutes les femmes, toutes sauf elle. C'était donc tout naturellement elle qu'il avait pris pour cible.

Elle se retourna pour découvrir un homme à cornes qui semblait plutôt bien bâti. Elle le dévisagea un bref instant avant de lui répondre :

— Effectivement, il a tenté avec moi aussi, elle observa le gosse faire les poches d'autres passants, mais je crains qu'il ne soit fort déçu en comptant son butin ce soir.

Elle se tourna vers lui pour l'observer longuement avant de lui dire :

— Vous êtes nouveau par ici ? C'est la première fois que je vous vois.

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UN NOUVEAU DEPART

- Je suis arrivé il y a peu, en effet. Je compte m'établir dans la région en attendant de... Et bien, de trouver quoi faire de concret, même si j'aide les quelques personnes qui m'ont aidées récemment. Je ne connais strictement rien aux environs à part ici et les abords de la forêt.

Son interlocutrice était une très belle femme et elle dégageait un petit quelque chose qui l'intriguait. Il ne savait pas ce que c'était exactement mais son vieux maître lui avait un jour parlé des mystères du vaste monde ; peut-être lui avait-il déjà parlé des personnes qui dégageaient une aura attirante entre deux de ses discours relatant son passé et de ce qu'il attendait de lui ? Il ne s'en souvenait plus tellement... Mais il faut dire qu'il avait eu tendance à ne plus trop faire attention à ce qu'il racontait, de toutes façons !

- Vous vivez ici ? C'est la première fois que je vois la mer. C'est... tellement grand ! ajouta t-il en souriant.

Il allait ajouter autre chose mais il fut interrompu par un cri de rage particulièrement rauque.

- Reviens ici, sale petit vaurien !

Dans un parfait manège, un remue-ménage se créa ; des caisses se renversèrent et des passants furent bousculés de plus belle.Le gamin, qui n'en était rien de moins que le chef d'orchestre, fila à toute allure avec des victuailles dans chaque main alors qu'il était poursuivi par une brute épaisse aux sourcils aussi épais que le collier de barbe qu'il exhibait sur sa face.

- Je lui avais bien dit de ne pas faire ça, dit le jeune homme un peu plus haut que ce qu'il aurait souhaité.

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UN NOUVEAU DEPART

Elle le déshabilla du regard tout en l'écoutant. Il était plutôt mignon, mais qu'était-il ? Un satyre ? Un faune ? Non, tous deux avaient des sabots, hors la créature en face d'elle portait des chausses des plus basiques. Dommage, elle ne s'était jamais faite de faune.

- Je vis dans la forêt, à l'auberge. C'est mon établissement, si vous désirez m'acc... Elle fut coupée par le boucher qui hurlait à un gamin affublé d'oreilles et d'une queue de chat. Vous permettez ? J'en ai pour une minute.

Elle alla devant l'étal du marchand et héla :

- Ohé ! Monsieur ? Où êtes-vous ?

Il ne fallut pas une minute au boucher pour abandonner sa poursuite et revenir à son commerce.

- Oh la, ma'mzelle Tenessa, qu'est-ce qu'il vous faut aujourd'hui ? Vous voulez d'mon saucisson ?

Par moi, ce qu'il est lourd ! songea-t-elle en voyant son air salace.

- Non, sourit-elle tout de même, il me faudrait du foie d'elfe !
Il la regarda, un peu déçu que sa blague soit tombée à l'eau et répondit :

- Ca vous fera 10 écus d'argent.
Elle se pencha pour lui offrir une vue plongeante sur son décolleté et minauder :

- Vous me ferez bien un prix, s'il vous plait...

L'homme bégaya un tarif, elle sortit sa bourse, le régla et, sitôt la viande empocher, se détourna de lui pour lever les yeux au ciel.

- Bon, vous venez ? fit-elle à la créature inconnue après être retournée auprès d'elle.

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UN NOUVEAU DEPART

Curieux et un peu étonné par ce qu'il se passait sous ses yeux, Ariès l'observa attentivement. Il ne perçut pas l'allusion du boucher mais remarqua son changement d'attitude lorsque son interlocutrice se pencha légèrement en avant.

- Une... auberge ? demanda t-il avec un brin d'incompréhension dans la voix lorsqu'elle revint vers lui et lui proposa de l'accompagner.

Il se tut aussitôt en regrettant d'en avoir sans doute trop dit et eu honte de sa profonde méconnaissance du monde extérieur.

- Oui, pourquoi pas ?

Au pire, se disait-il, il pourrait toujours s'en aller si la situation n'était pas à son avantage. Les mains dans les poches, il se rapprocha d'elle et lui emboita le pas tout en la laissant légèrement prendre un ou deux pas d'avance pour la suivre.

- Vous venez souvent par ici ? demanda le jeune homme un peu naïvement vu qu'il ne savait pas trop comment s'y prendre.

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UN NOUVEAU DEPART

- Au port vous voulez dire ?
Elle marchait de son pas chaloupé dans la grande forêt. Elle ne semblait pas se soucier des éventuelles créatures qui pouvaient parfois se montrer hostile. Le faune derrière elle aurait pu se sentir considéré comme fort par la jolie donzelle, si elle ne dégageait pas une aura dangereuse et attirante.
- Quand je ne trouve pas ce qu'il me faut dans les parages, oui. Et vous ? sourit-elle en empruntant des petits chemins. Ah... elle se stoppa et lui fit : Vous avez de quoi vous boucher les oreilles ?

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UN NOUVEAU DEPART

- Euh, oui... Au port et dans les environs.

Il augmenta petit à petit la cadence pour se placer à côté de Tenessa. Il ne savait pas trop quoi penser d'elle sur le moment, à part qu'elle était plutôt attirante. Cela dit, il sentait également qu'elle cachait quelque chose. Quoi exactement, il ne le savait pas, mais ce qui se dégageait d'elle lui rappelait un peu son maître : l'habit ne fait pas le moine - le nombre de coups fulgurants qu'il avait failli se prendre de la part du vieux sénile lui avait au moins enseigné cela.

- Moi, et bien... Je ne suis pas d'ici. Je viens de très loin derrière les montagnes, la-bas, dit-il en montrant du doigt une chaîne de montagnes que l'on pouvait deviner lorsque le temps était au beau fixe et que l'on avait une très bonne vue. Cela dit, je compte m'établir dans le coin, même si je ne sais pas encore bien où ni quand exactement.

Me bouch... Euh... Pourquoi cela ? demanda t-il en plaçant ses doigts près d'elles afin de les boucher dès que possible.

Par réflexe, il regarda autour de lui mais ne vit rien dans l'immédiat qui justifiait cela. Peut-être qu'elle allait se mettre à siffler ? Son vieux maître lui avait un jour enseigné que certaines personnes étaient capables de toutes sortes de merveilles juste en sifflant.

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UN NOUVEAU DEPART

Oh, ça tombe bien : le pêcheur est mort il y a de cela une petite semaine – avalé par une pieuvre géante – du coup, les autres ne veulent plus y aller… sinon il y a le druide qui a laissé son affaire. Il a été assassiné, on l'a retrouvé un poignard planté dans le cœur. On dit que c'est la garde humaine mais, personnellement, je n'y crois pas.
Elle avait dit tout cela en un seul souffle. Elle se retourna pour émettre un petit rire charmant en voyant les mains du faune sur ses oreilles.
Non, ça ne suffira pas, sourit-elle. Attendez.
Elle fouilla dans son panier pour en sortir…
Tenez, du coton. Nous allions passer à côté du lac et il y a des sirènes, répondit-elle en se mettant également de la ouate dans les esgourdes.

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